Un matin, la hanche coinçante ou l’épaule qui tire, et les vieilles habitudes reviennent : piocher dans la boîte à pharmacie, avaler ce paracétamol qui attend depuis des semaines, espérant faire disparaître la douleur d’un simple geste. Sauf qu’après 60 ans, ce qui semble anodin peut révéler des effets secondaires insoupçonnés, tapis derrière des organes déjà fragilisés par l’âge ou d’autres traitements.
L’automédication rassure sur l’instant, mais chaque comprimé apparemment inoffensif risque de transformer la recherche de confort en vrai parcours d’obstacles. Soulager une douleur n’équivaut plus à s’aventurer à l’aveuglette : le corps évolue, la prudence s’impose.
Antidouleurs chez les seniors : un réflexe risqué trop courant
Imaginez : le dos qui proteste, une articulation qui bloque. Un cachet de paracétamol, un vieux comprimé d’ibuprofène retrouvé. Ce réflexe familier cache souvent une menace réelle : les effets secondaires, eux, ne pardonnent plus.
Pourquoi autant de seniors jouent-ils avec leur santé en croyant soulager leur quotidien ? Car la douleur est pesante, mais la solution n’est pas toujours dans la boîte à médicaments.
Les médicaments à surveiller après 60 ans
- Anti-inflammatoires (AINS) : ibuprofène, kétoprofène, diclofénac. Soulagement rapide, mais risque d’ulcère, de saignement, d’AVC, ou d’insuffisance rénale.
- Paracétamol : sûr à dose modérée (max 3 g/jour), mais attention au foie fragile et aux doublons cachés.
- Opioïdes : codéine, tramadol, morphine. Efficaces, mais somnolence, confusion, chutes, dépendance sont fréquents.
Ce qui était bien toléré à 45 ans peut devenir dangereux à 70.

Automédication et interactions : l’effet boule de neige
La majorité des seniors suivent déjà plusieurs traitements quotidiens : tension, cholestérol, diabète, cœur… Ajouter un antidouleur sans consulter revient à jouer aux devinettes avec sa santé.
Exemple : un ibuprofène peut annuler l’effet d’un antihypertenseur. Un tramadol combiné à un antidépresseur peut déclencher un syndrome sérotoninergique.
Règle d’or : toujours informer son médecin ou pharmacien si un médicament est pris plus de 3 jours sans ordonnance.
Les réflexes simples qui protègent
- Jamais d’antidouleur en continu sans avis médical
- Lire les notices pour éviter les doublons (ex : Doliprane + Fervex = trop de paracétamol)
- Surveiller tout symptôme inhabituel : somnolence, confusion, douleurs gastriques
- Faire un bilan douleur chez le médecin ou en pharmacie une fois par an
Astuce utile : Tenez un petit carnet de vos traitements (même ponctuels), à jour, à montrer à chaque consultation.
Et si on repensait la gestion de la douleur ?
Au lieu d’empiler les médicaments, d’autres solutions sont souvent plus sûres et parfois plus efficaces :
- Kinésithérapie douce (même à domicile)
- Chaleur localisée : bouillotte, patch chauffant
- Exercice physique adapté : marche douce, étirements
- Relaxation, sophrologie, méditation (même sur YouTube !)
Autre allié sous-estimé : le pharmacien. Il peut détecter des risques d’interaction et vous conseiller sur les bonnes alternatives sans ordonnance.
Bon à savoir : prévenir vaut mieux que compenser
Le meilleur réflexe : un point régulier avec son médecin ou pharmacien, même en l’absence de crise. Ils peuvent proposer :
- Un bilan personnalisé de vos douleurs
- Un dépistage des risques d’interactions (iatrogénie)
- Des ajustements simples mais durables
Vieillir n’implique pas de souffrir inutilement. C’est une période où le dialogue et l’écoute valent souvent plus que n’importe quel cachet.
En résumé : gérer sa douleur sans se mettre en danger
Après 60 ans, chaque médicament compte. Un geste banal peut peser lourd s’il s’ajoute à un traitement mal connu. Mais avec un peu de prévention, quelques questions au bon moment, et l’envie de s’écouter, le soulagement devient une vraie victoire.
Et si, la prochaine fois, au lieu de chercher un comprimé, on commençait par poser une question ?