Une personne âgée sur dix est victime de maltraitances.
Dans ce dossier, nous voulons vous aider à mieux comprendre la maltraitance mais surtout à l’éviter à votre parent âgé.
By Laure Prosdocimo & Alexandre Faure
La maltraitance des personnes âgées peut entraîner de graves traumatismes
Une personne âgée sur dix est victime de maltraitances. Ce phénomène méconnu et rarement dénoncé est mis en lumière chaque année à l’occasion de la journée mondiale de sensibilisation instaurée par l’ONU depuis 2012.
En tant qu’aidant d’une personne âgée, nous sommes tous concernés par ce problème. En effet, la maltraitance peut survenir lorsqu’on ne s’y attend pas. Il suffit d’un moment de fatigue, de lassitude pour avoir un geste déplacé, un mot de trop, un mouvement de colère qui peut être perçu par notre parent comme de la maltraitance.
Certes, il ne l’exprimera pas ainsi, il ne nous le reprochera pas, il ne se plaindra pas. Mais cela peut avoir des conséquences graves et irréversibles sur son humeur et même sa santé.
Dans ce dossier, nous voulons vous aider à mieux comprendre la maltraitance mais surtout à l’éviter à votre parent âgé.
Comment définir la maltraitance envers les personnes âgées ?
La maltraitance est un acte isolé ou répété ou bien l’absence d’intervention appropriée qui se produit dans toute relation de confiance et cause un préjudice ou une détresse chez la personne âgée (Définition de l’OMS, Rapport mondial Violence et santé – 2002)
La maltraitance peut prendre plusieurs formes :
Les violences physiques
Certainement les plus connues et les plus visibles, elles ne sont heureusement pas les plus fréquentes. Les personnes âgée peuvent recevoir des coups, subir des chutes provoquées, être pincées ou brûlées.
Les violences physiques regroupent également les entraves à la liberté de mouvement et les différentes techniques de contention quand elles sont utilisées de manière abusive.
Les violences psychologiques
Les violences psychologiques regroupent tout ce qui est de l’ordre du manque de respect de la personne âgée : insultes, brimades, contraintes, interdictions, chantage et infantilisation de la personne âgée.
Les violences financières
Les personnes âgées sont parfois victimes de spoliation, de détournement de leur bien ou d’arnaques. Ces violences peuvent être le fait des héritiers mais aussi de tierces personnes qui profitent de la fragilité du senior pour abuser de sa confiance.
Les abus de droit
Le non respect des droits élémentaires du citoyen par contrôle des relations sociales, détournement de procuration, décision ou réponse à la place de la personne est aussi une forme de maltraitance.
Les négligences
Actives ou passives, plus ou moins graves, les négligences regroupent tout manque d’aide à la vie quotidienne de la personne âgée. Le non respect des prescriptions médicales, l’administration de médicaments sous une mauvaise forme (écraser les cachets pour les mettre dans la soupe). L’incontinence induite par négligence. Le manque de stimuli ou de stimulation qui favorise le repli sur soi et la perte d’autonomie.
“La maltraitance est un acte isolé ou répété ou bien l’absence d’intervention appropriée qui se produit dans toute relation de confiance et cause un préjudice ou une détresse chez la personne âgée”
Le lieu de la maltraitance
La grande majorité des personnes âgées habitent leur domicile privé. Il est donc assez logique que la majorité des situations problématiques s’y déroulent.
On remarque toutefois que les typologies de maltraitance sont différentes entre les personnes en institution et celles vivant chez elles. La maltraitance par négligence est plus courante en Ehpad. Elle est imputable aux problèmes de sous effectif et à l’organisation du travail des soignants. Au domicile, la maltraitance la plus fréquente est la maltraitance financière, suivie par les violences psychologiques, les abus de droit et la violence physique, qui peut aussi être inconsciente de la part de celui qui l’inflige.
Par exemple, une assistante sociale m’a raconté le cas d’une personne âgée qui était prise en charge par sa fille. Celle-ci aidait son parent à faire sa toilette intime et comme elle avait beaucoup de mal à assumer ce moment très difficile, elle n’essuyait pas bien son parent qui a développé un eczéma sur les parties génitales. La situation est rentrée dans l’ordre quand la famille a décidé de recourir à une aide à domicile professionnelle pour prendre en charge la toilette.
Comment éviter ou prévenir la maltraitance des personnes âgées ?
La maltraitance peut être difficile à identifier. Un acte isolé est le fruit du hasard ou d’une négligence passagère, en revanche sa répétition constitue bel et bien de la maltraitance.
- Si vous êtes témoin d’une situation de maltraitance.
- Si en tant qu’aidant vous vous posez des questions.
- Si vous avez besoin d’aide.
Vous pouvez contacter la Fédération 3977 contre la maltraitance. Cet organisme coordonne un dispositif d’alerte sur les risques de maltraitance envers les personnes âgées et les adultes handicapés.
La Fédération 3977 s’appuie à la fois sur un numéro d’appel national unique (le 3977) et sur un vaste maillage de relais locaux lui permettant d’être présente dans 77 départements et de faire participer plus de 1200 bénévoles à ses missions.
En cas de situation avérée, il est également possible de faire un signalement. Celui-ci peut être adressé aux autorités médico-sociales ainsi qu’au procureur de la République pour les cas les plus critiques. C’est la démarche que nous vous recommandons si vous êtes témoin d’une situation de maltraitance financière.
Aidant, comment savoir quand demander de l’aide
En tant qu’aidants, il est parfois difficile d’auto-évaluer son épuisement, son stress, son besoin de répit.
Il existe un outil d’auto-évaluation qui vous aide à faire le point. C’est la grille de Zarit.
C’est un questionnaire de 22 questions.
Chaque question aborde un aspect de votre relation vis à vis de votre proche aidé.
Le questionnaire tient compte des impressions et sentiments les plus fréquemment ressentis, associés aux soins prodigués à la personne, à son état de santé, au sens des responsabilités, ou encore aux relations avec les autres membres de la famille.
Chaque question de la grille de Zarit appelle une réponse évaluant la fréquence de l’impression. La réponse va de Jamais à Presque toujours en passant par rarement, quelquefois et assez souvent.
A chaque fréquence correspond un score jamais = 0, rarement = 1, quelquefois = 2, assez souvent = 3 et presque toujours = 4.
Une fois la grille remplie, vous faites la somme de vos scores intermédiaires pour obtenir un résultat.
Vous évaluez ensuite ce résultat selon l’échelle suivante :
- Si votre score total est compris entre 0 et 20, la charge est faible,
- Entre 21 et 40, la charge est légère,
- Entre 41 et 60, la charge est modérée,
- Au-dessus de 60, la charge est sévère.
Idéalement, l’évaluation de votre charge émotionnelle, physique et financière devrait être mesurée régulièrement. En effet, l’intérêt ne repose pas uniquement dans votre score à un instant T mais aussi dans l’évolution de ce score dans le temps.
Attention : Un score important dès la première utilisation de la grille de Zarit, ou ayant fortement augmenté entre deux passages du test, permet de mettre en évidence que le fardeau ressenti par l’aidant est devenu trop important et qu’il est temps de trouver des solutions pour le soutenir.
Utilisez gratuitement notre grille de Zarit.
https://docs.google.com/spreadsheets/d/1ekejuVBT45tJ4cQrWIrNKCmUQIBuZUHac2dVBcEZkgI/edit?usp=sharing
Par Xavier Delahaye et Alexandre Faure