Et si des années de dévouement dans une association finissaient par compter pour votre retraite ? Une proposition de loi actuellement discutée à l’Assemblée nationale pourrait permettre à certains bénévoles d’obtenir un trimestre de retraite… à condition d’avoir occupé pendant huit ans un poste de direction associative. Une idée qui séduit autant qu’elle divise.
Un engagement bénévole bientôt reconnu dans la retraite ?
C’est une proposition portée par le député Christophe Naegelen : accorder un trimestre de retraite aux bénévoles ayant exercé pendant huit années, même non consécutives, une fonction déclarée de président, secrétaire, vice-président ou trésorier dans une association. Objectif affiché : reconnaître un engagement citoyen souvent invisible, mais vital pour la cohésion sociale.
Une reconnaissance réservée à une minorité
Ce dispositif ne s’adresserait qu’aux dirigeants associatifs, exclus donc les nombreux bénévoles de terrain. Par ailleurs, les années passées dans différentes associations ne seraient pas cumulables, et les fonctions devraient être déclarées en préfecture pour être prises en compte. En d’autres termes, seuls les bénévoles occupant des rôles encadrés administrativement pourraient y prétendre.
Une mesure qui interroge son financement
Accorder des droits à la retraite sans cotisations supplémentaires pose une question centrale : qui paierait ? Le texte ne précise pas clairement si la charge incomberait à l’État, aux caisses de retraite, ou au contribuable. Dans un contexte de tensions sur le financement du système des retraites, plusieurs syndicats et élus s’inquiètent d’une mesure perçue comme inéquitable et difficilement soutenable.
L’exemple européen : inspiration ou simple comparaison ?
En Europe, certains pays valorisent déjà l’engagement citoyen. En Allemagne, les aidants familiaux bénéficient d’avantages sociaux ; en Italie, des bénévoles peuvent profiter d’allègements fiscaux. En France, ce lien entre bénévolat et retraite reste flou. La proposition pourrait ouvrir la voie à une nouvelle forme de reconnaissance, mais son adoption reste incertaine.
Une réponse à la crise du bénévolat ?
Depuis la crise sanitaire, les associations peinent à renouveler leurs équipes. Offrir un trimestre de retraite pourrait être un levier de mobilisation. Mais attention au risque de fracture entre les bénévoles “visibles” (dirigeants) et les bénévoles de terrain, tout aussi indispensables mais oubliés par ce projet.
Conclusion : un geste symbolique… encore loin d’être voté
À ce jour, cette mesure n’est qu’une proposition de loi. Elle devra être examinée, amendée, votée… et trouver son financement. En attendant, elle a le mérite de remettre en lumière le rôle souvent invisible des bénévoles. Si elle venait à être adoptée, elle constituerait une première étape vers une meilleure reconnaissance sociale de l’engagement associatif.