Lorsqu’un conjoint décède, le choc émotionnel s’accompagne souvent d’une autre angoisse : celle de ne plus pouvoir faire face aux dépenses du quotidien. Dans ces moments de vulnérabilité, la pension de réversion peut jouer un rôle crucial, en apportant un soutien financier régulier au conjoint survivant. Pourtant, ce droit reste mal connu – et parfois sous-utilisé.
En 2025, près de 4 millions de personnes perçoivent une pension de réversion en France. Voici ce qu’il faut savoir pour en bénéficier… et ce qui pourrait bientôt changer.
Qu’est-ce que la pension de réversion ?
La pension de réversion est une partie de la retraite de base (et parfois complémentaire) versée au conjoint survivant après le décès d’un assuré. Elle permet de compenser partiellement la perte de revenus liés à la disparition d’un conjoint.
Pour le régime général (salariés du privé) :
- Montant : 54 % de la retraite que percevait (ou aurait pu percevoir) le conjoint décédé.
- Plafond de ressources 2025 :
- 23 441,60 €/an pour une personne seule
- 37 506,56 €/an pour un couple
- Montant maximal de pension : 1 043,28 € par mois
- Montant minimal (sous conditions) : 324,79 €/mois
Quelles sont les conditions pour y avoir droit ?
La pension de réversion n’est pas automatique. Pour l’obtenir, il faut remplir plusieurs critères :
- Avoir été marié(e) avec le défunt
- Ni le concubinage, ni le PACS ne donnent droit à la réversion.
- Les ex-conjoints peuvent y prétendre, si aucun nouveau mariage n’a été contracté.
- Avoir au moins 55 ans (pour les régimes de base du privé)
- Certains régimes anciens accordaient la réversion à partir de 51 ans, mais cela tend à disparaître.
- Ne pas dépasser le plafond de ressources mentionné ci-dessus
- Tous les revenus sont pris en compte (salaires, retraites personnelles, revenus locatifs, etc.).
Cas particuliers : fonctionnaires, indépendants, complémentaires
- Fonction publique : la pension de réversion représente 50 % de la retraite du défunt, sans condition de ressources. Des règles spécifiques s’appliquent selon la durée du mariage ou la présence d’enfants.
- Régimes complémentaires (Agirc-Arrco) : conditions d’âge et de ressources différentes, généralement plus souples.
Une réforme en préparation : vers une réversion à 70 % ?
Le gouvernement envisage une réforme à l’horizon 2026, dans le cadre de l’harmonisation des régimes de retraite. L’une des pistes évoquées : porter la pension de réversion à 70 % de la retraite du défunt, contre 54 % aujourd’hui. Cette mesure, encore en débat, viserait à mieux protéger les conjoints les plus fragiles, notamment les femmes, souvent désavantagées par les écarts de carrière.
Comment faire sa demande ?
La démarche s’effectue en ligne sur le site lassuranceretraite.fr ou auprès de la caisse de retraite compétente. Les documents à fournir incluent :
- L’acte de décès
- L’acte de mariage
- Un justificatif de ressources
- Un RIB
Une fois la demande validée, le versement peut intervenir en quelques semaines. Le droit peut également être rétroactif sur 12 mois maximum.
Ce qu’il faut retenir
- La pension de réversion concerne des millions de Français, mais nécessite une demande active
- Elle peut alléger significativement les conséquences financières d’un veuvage
- Des évolutions majeures sont à prévoir d’ici 2026, avec une possible hausse du pourcentage versé
- Il est essentiel de se renseigner rapidement après un décès pour ne pas perdre de droits